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Triade
La culture celtique était construite sur une trinité, une triade. Ils n’assumaient donc pas la dualité entre la lumière et l’obscurité, entre le blanc et le noir, mais le « milieu » était important pour eux. L’aube et le crépuscule étaient des moments spirituels. Les nombreux « dieux de la nature », les êtres élémentaires, apparaissaient en triple exemplaire. Leurs énigmes, la manière dont la connaissance spirituelle était transmise, comportaient toujours une triade.
Un poème où la triade est exprimée est le suivant. Les trois joies des bardes de Grande-Bretagne sont : « Parler avec expertise ; agir avec sagesse ; apporter la paix et l’harmonie. »
Les druides qui dirigeaient leurs élèves transmettaient leur savoir par le biais de triades. Rien n’était mis par écrit ! Tout était transmis oralement et pour faciliter cela souvent en triades mélodieuses et poétiques transmises en milliers de vers.
La trinité s’exprime également dans leur principe divin et les druides proclamaient un enseignement selon lequel tout retourne à Dieu.
Un est le nombre de l’immuabilité éternelle et est en tout, comme tout est en Lui. Deux est le nombre de la diversité, de l’inconstance, car tout surgit à son tour dans son contraire. Trois est le nombre parfait, il dissout les contradictions et donne du relief.
Il y a trois unités originales pour les Druides :
« Un Dieu, une vérité, un point de liberté. »
De plus, trois choses découlent de ces unités originelles :
« Toute la vie, tout le bien, tout le pouvoir. »
Les disciples des druides étaient enseignés et encouragés à maîtriser ces choses : haute moralité, pureté des mœurs et des coutumes, conduite irréprochable, grande liberté d’esprit, indépendance de jugement, principes élevés et désir de spiritualité.
Tout cela était renforcé par la triade suivante : « Vénérer la divinité, travailler pour le monde et l’humanité, endurer courageusement les coups du sort. »
La société celte était également divisée en trois parties. Outre les gens du peuple, on distinguait trois classes : les guerriers avec les rois, les druides avec leurs prêtres et leurs juges, et enfin les bardes, y compris les chanteurs et les médecins. Cette division en trois indique aussi immédiatement la situation dans laquelle se trouve l’homme : le non-libre, le libre et le noble.
C’est ce qui ressort d’un verset de l’Edda, les récits mythiques du Nord. Dans le mythe de « La chanson de Rig », Rigspula est le dieu des Ases. Lorsque Rig voyage, il rencontre trois parents sans enfants et engendre un fils avec les trois femmes.
Le poète a pu indiquer les trois positions d’une manière poétique mais très spécifique. Ce poème est estimé par Jan de Vries [2] vers le 12ème siècle. En voici quelques extraits.
Parmi les non-libres, le fils est appelé Serviteur : « Elle a donné naissance à un fils, à la peau brune ; ils ont baptisé le garçon, et Serviteur était son nom. »
Chez les libres, le fils s’appelle Karl : « Elle a eu un fils, à la peau blanche ; ils ont baptisé le garçon et Karl était son nom. »
Enfin, chez les nobles, la femme porte un fils nommé Jarl : « La mère a eu un fils, l’a enroulé dans de la soie ; ils ont baptisé le garçon, et son nom fut Jarl ; ses cheveux étaient pâles et ses joues blanches, ses yeux sont resplendissants comme ceux d’un serpent. »
Il existe trois différences qui distinguent tout être humain d’un autre être : « Son esprit originel, sa mémoire, son pouvoir d’observation. »
Enfin, une autre triade importante sur trois choses nécessaires pour vaincre le mal : « La souffrance pour supporter les coups du destin en silence, la liberté de choix lui permettant de prédéterminer son propre destin. »
Grâce à l’utilisation de la liberté et du choix, l’homme développe trois acquis : « La connaissance, l’amour, la force morale. »
Ce qui précède est bien sûr toujours d’actualité !
Références :
[1] Antonin Gadal, Le druidisme, Rozekruis Pers, Haarlem 2019.
[2] Jan de Vries, De Edda – Gods en heroic songs of Germanic Antiquity [L’Edda – Dieux et chants héroïques de l’Antiquité germanique], Ankhhermes 2012.