Arnold Hendrik (Nol) de Hartog (1869-1938)

Le chrétien résilient

Arnold Hendrik (Nol) de Hartog (1869-1938)

 

Nol de Hartog est parfois appelé « le chrétien résilient ». Avec ses idées, il s’est écarté de la pensée orthodoxe commune, ce qui a provoqué une opposition de plusieurs côtés. Ses collègues chrétiens et ses collègues théologiens lui reprochaient de s’écarter trop des enseignements officiels. Il a dû réfuter ces accusations. En outre, il n’hésitait pas à débattre avec les dirigeants et les représentants des mouvements ouvriers. Et pas seulement avec eux.

Lors d’une réunion de protestation contre l’émergence des nazis, il a partagé ses idées sur la vie. Son fils, le célèbre écrivain Jan de Hartog, en parle dans son livre Souvenirs de ma mère : « Même aujourd’hui, après tant d’années, les gens m’en parlent encore : « Une fois, il y a longtemps, avant la guerre, j’ai entendu ton père parler (…) Je ne me souviens pas moi-même d’un seul mot de ce qu’il a dit alors. (…) Mais cette nuit-là, j’ai découvert que son courage était authentique (…), j’ai compris qu’il pensait ce qu’il disait : qu’être chrétien signifiait effectivement être un héros. Du moins dans son cas.  (…) Le fait est que les actes de mon père étaient conformes à ses convictions, et qu’il faisait lui-même ce qu’il disait aux autres de faire dans ses sermons ». [1]

Et si tout cela ne suffisait pas, lorsqu’on a voulu prouver scientifiquement que Dieu n’existe pas et qu’on a fondé l’association « L’Aube », de Hartog a fondé en opposition « Le Zénith » dans lequel il a défendu le christianisme et l’Église.

C’était un homme résolu, passionné et aussi inspirant, qui essayait de comprendre la vie et prenait vraiment ses responsabilités très au sérieux. En 1903, De Hartog obtient son diplôme de docteur en théologie avec mention « cum laude », avec pour sujet : « La question du libre-arbitre chez Schopenhauer ». Le fait qu’il ait remarqué les relations entre la philosophie, la religion et la science, et qu’il ait fait des études comparatives de la religion et de la culture à l’École Internationale de Philosophie [2] est très rare pour son époque. Sa polyvalence se manifeste par le choix de la littérature, de la poésie et de la musique qu’il cite et intègre dans son œuvre. En 1915, il publie une anthologie de l’œuvre du philosophe allemand Jacob Bœhme (1575-1625), dans la série Livres de sagesse et de beauté. Dans l’introduction, il cite les célèbres paroles de Bœhme : « Celui pour qui le temps est devenu semblable à l’éternité et l’éternité semblable au temps, est libéré de toute lutte ». [3]

 Tout comme Bœhme, de Hartog a rencontré des conflits et des oppositions dans sa vie, et peut-être s’est-il reconnu dans ces mots. Dans son livre Le sens de notre vie, il s’étend davantage sur ce sujet. Il écrit : « Nous devons mourir, mais la vraie mort est l’abandon de soi à l’Esprit, d’où naît le secret auquel Bœhme fait référence comme suit : celui ou celle qui meurt avant de mourir ne périra pas quand il (elle) mourra ». [4]  

De Hartog oppose l’Esprit – ou  Dieu – à  la nature. Ce faisant, il ne veut pas dire que la nature ne serait pas créée par l’Esprit divin, mais que l’être humain doit laisser derrière lui la réalité inférieure pour pouvoir entrer dans la réalité supérieure.

Par conséquent : « L’être humain est le point d’inflexion de l’ensemble des phénomènes. L’ordre naturel de l’autoconservation et de l’égocentrisme doit se transformer en l’ordre spirituel du don de soi dans l’amour. Rompre avec l’instinct naturel ne signifie rien de moins que devenir participant de la vie spirituelle et, par là, sanctifier l’instinct naturel. (…) Ainsi, l’être humain voyage à travers le désert de la nature vers la terre promise de l’Esprit, et s’élève des vallées inférieures de l’agitation temporelle et matérielle jusqu’aux hautes plaines de l’éternelle rédemption spirituelle. [5]

De Hartog a écrit de nombreux livres, dont la plupart ont été oubliés. Mais sa pensée a été reconnue par deux frères, Wim et Jan Leene. Jusqu’en 1917, De Hartog était prédicateur dans l’église Saint-Bavon de Haarlem. Les frères participaient à chacun de ses offices. Mais il était clair que De Hartog ne souhaitait pas avoir de disciples ; selon lui, chaque être humain pouvait, selon sa propre intuition, être un chrétien indépendant et fort, avec une foi ferme et une conviction rationnelle.

Sa vision apportait aux frères Leene une réponse à la question de l’existence, de la relation entre l’Esprit et la nature, entre Dieu et l’homme. Grâce à lui, ils ont trouvé la première source dont tout émane : le point où l’Esprit divin touche un être humain, la source qui se trouve au plus profond de l’être.

Les deux frères poursuivent le principe du Dieu dans l’être humain, que De Hartog leur a présenté de façon si claire et réaliste, ainsi que l’idée de la double nature qui est partout, dans le monde, dans l’univers et dans l’homme. Tout cela les a conduit au concept des deux ordres de nature.

C’est ce que l’on peut lire dans La gnose originelle égyptienne : « De toutes les créatures de la nature, seul l’homme est double, comme l’établit Pymandre. D’un côté, il y a dans le système humain la semence de l’immortalité, l’étincelle d’Esprit, également désignée comme étant la Rose du Cœur ; de l’autre côté, il y a l’être humain mortel, l’être naturel. Vous ne pouvez pas trouver une seule autre créature ayant une telle nature double ». [6]

Quelle que soit la langue sacrée dont ils ont eu connaissance [7], ils ont reconnu cette pensée fondamentale et ont commencé à leur tour à inspirer les gens. Ils ont rétabli le lien entre l’humanité et les « L’Enseignements universel » de tous les temps.

Comme ces mots d’Arnold Hendrik de Hartog sont vrais : « C’est la grandeur d’une vie humaine, c’est un monde en soi qui, même lorsqu’il a disparu, laisse sa richesse en héritage à ceux qui, en tant que chercheurs, essaient de saisir la même connaissance ». [8]

 

Biographie :

Arnold Hendrik de Hartog était un théologien, prédicateur et pasteur réformé néerlandais.

En 1906, il a épousé J.L.G. (Lucretia) Meyjes. Elle a écrit le livre Sentiers cachés et a également traduit de l’allemand ; elle se sentait liée aux idées des Quakers[9]. Elle a été professeur à l’École Internationale de Philosophie d’Amersfoort, fondée en 1916, entre autres par son mari. De 1926 à 1930, De Hartog est professeur en « apologie du christianisme », par nomination spéciale, à la faculté de théologie de l’Université d’Utrecht. Fin 1930, il est nommé professeur de philosophie au département de religion et d’éthique de l’université d’Amsterdam.

 

Citations :

« L’unité est l’essence de la vie et de l’Esprit. La vie et l’Esprit signifient plus qu’une simple liaison, mais ils se manifestent par une existence commune. »

« La mort n’est pas advenue dans le monde par le péché, par ce qui est extérieur, mais par ce qui est intérieur : l’humanité se détourne de l’Esprit de vie, qui vient de Dieu. »

« C’est ainsi que nous sommes poussés dans les ténèbres, où – encore et encore – l’Éternel parle dans le cœur ! » [10]

« Mû par le Mouvement éternel, le porteur de lumière va maintenant de l’avant, répandant son éclat dans le temps, sur le monde et l’humanité. Cette constance au cœur de l’éternité, ce « ferme esprit » rayonnant, c’est le bien incorruptible qu’est devenu celui qui est passé par la mort, la mort qui a éteint la lumière terrestre, afin que brille la lumière céleste ». [11]

« Dans l’humanité, la matière et l’Esprit, la nature supérieure et la nature inférieure sont mariées, afin que l’homme puisse trouver entre les deux le trésor du ciel dans le vase de terre ! »

« En tant que personnalité, l’homme transcende la vie naturelle, instinctive, enchaînée, et célèbre la liberté de l’Esprit, où il rompt avec l’impulsion naturelle, l’instinct, la passion et s’élève. »

« Sa personnalité est englobante quant à la nature et conquérante quant à l’Esprit. » [12]

« Ce qui rêve inconsciemment dans la manifestation spatio-temporelle : les secrets du règne minéral, l’essor jubilatoire du parfum et de la couleur des fleurs, des plantes, des fleurs et des fruits, la mobilité gracieuse du règne animal, tout cela arrive à son accomplissement dans la conscience humaine et là, devient louange à l’Éternel. Le règne humain doit établir le règne de la paix par la descente de l’amour divin. » [13]

« Dans le nom de Jésus-Christ, il y a deux significations : la sollicitude de Dieu envers l’homme et l’ascension de l’homme vers Dieu. »

« Le Christ universel signifie l’Esprit vivifiant, le principe divin de la nouvelle naissance, la descente céleste, s’incarnant et procréant dans la lignée des enfants des hommes. »

« Le Fils de Dieu s’est fait Fils de l’homme, afin que l’homme devienne Fils de Dieu. »

« La révélation christique en Jésus-Christ – le  cycle de sa naissance, de sa mort, de sa résurrection, de son ascension – se répète dans l’être humain, se poursuit, se perpétue comme force motrice, comme cible de la compassion qui découle de l’amour divin du Père dans le Fils, du Fils dans l’Esprit, de l’Esprit dans l’humanité renaissante. Ainsi se referme l’alliance de l’éternité. » [14]

« L’Écriture rayonne du cœur éternel de la vérité dans le cœur de l’être humain qui cherche et trouve Dieu. Les Écritures contiennent, comme l’a déclaré Mme L. de Hartog-Meyjes dans la préface de son ouvrage Sentiers cachés, l’histoire du cœur humain qui trouve Dieu. »

« La parole de Dieu brille comme une lampe éternelle dans le sanctuaire secret du cœur de l’homme réconcilié, libéré et glorifié ; et en même temps cette parole brille sur la vaste mer de la temporalité comme un rayonnement d’éternité. » [15]

 

Sources :

[1] De Hartog, J., Herinneringen aan mijn moeder [Souvenirs de ma mère], pp. 27-28, Atlas Contact Amsterdam.

[9] Ibid. p. 113

[2] De Hartog, A.H. Uren met Jacob Bœhme [Heures avec Jacob Bœhme, une sélection d’extraits de son œuvre], p. 7, Hollandia Baarn.

[3] Ibid. p. 7

[4] Ibid. p. 46

[5] De Hartog, A.H. De zin van ons leven [Le sens de notre vie], pp. 162 et 175, Holland Amsterdam.

[6] Van Rijckenborgh, J., La gnose originelle égyptienne, tome 1, p. 69, Rozekruis Pers, Haarlem 2017.

[7] La gnose originelle égyptienne, La gnose chinoise, le Nycthéméron d’Appolonius de Tyane, Rozekruis Pers Haarlem.

[8] Huijs, P, Appelés par le Cœur du Monde, cité par A.H. van den Brul : J. van Rijckenborgh – rosicrucien moderne et gnostique hermétique, dans la revue Pentagramme, 17ème année, n° 2, Rozekruis Pers, Haarlem 1995.

[9] De Hartog, J., Herinneringen aan mijn moeder [Souvenirs de ma mère], p. 113, Atlas Contact Amsterdam.

[10] De Hartog, A.H. De zin van den dood [Le sens de la mort], pp. 11,12,13, 1930

[11] De Hartog, A.H. De zin van ons leven [Le sens de notre vie], p. 56, Holland Amsterdam.

[12] Ibid., pp. 13 et 59.

[13] Ibid. pp. 37 et 55.

[14] De Hartog, A.H. Christendom [Le christianisme], pp. 134, 137, 138, 172, 1922.

[15] Ibid. pp. 66 et 67.

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Date: novembre 2, 2021
Auteur: Ankie Hettema-Pieterse (Netherlands)

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