Comme vous le savez, tout dans la nature est impermanent ; en effet, même l’univers visible tout entier s’avère être impermanent en fin de compte. Tout ce qui a vu le jour périt aussi ; tout ce qui est né doit aussi mourir. Pour tout être humain, c’est donc un élément qui ne peut être ignoré. On pourrait penser que l’acceptation d’un fait aussi irréfutable serait l’attitude la plus évidente, mais ce n’est pas du tout le cas.
La tendance générale est plutôt d’éviter, de réduire ou de repousser autant que possible ce qui nous semble défavorable. Par exemple, l’hygiène peut réduire considérablement la mortalité infantile à la naissance ou dans la petite enfance ou limiter la transmission d’agents pathogènes. Le fait qu’il existe une vie microbiologique susceptible de provoquer des maladies ne nous semble pas inhabituel aujourd’hui, mais il s’agit d’une découverte relativement récente. Elle a été avancée pour la première fois comme hypothèse par Louis Pasteur, un chimiste français qui a vécu de 1822 à 1895. Les premiers vaccins, mais aussi les premières méthodes de stérilisation des instruments médicaux et des pansements font partie de l’œuvre de sa vie.
Une autre découverte, beaucoup plus récente, concerne le « rajeunissement » des cellules. Des recherches menées sur des souris ont montré qu’une substance appelée MNN (mononucléotide de nicotinamide) favorise la régénération des cellules, et on pourrait qualifier son effet de rajeunissant [1]. Depuis lors, la production et la vente de ce produit a explosé, notamment parce qu’il ne s’agit pas d’un médicament mais d’une substance naturelle qui ne semble pas avoir d’effets secondaires.
Une autre substance qui a récemment fait parler d’elle est le resvératrol, qui peut être extrait du raisin et qui – pour simplifier – pourrait réduire l’agglutination des bactéries et des virus, de sorte qu’ils se multiplient moins bien, font donc moins de dégâts et peuvent être plus facilement combattus par notre système immunitaire. Des recherches scientifiques ont montré que les patients atteints de la maladie de coronavirus en bénéficieraient également. Mais ces recherches n’ont jusqu’à présent fait leurs preuves que sur des animaux de laboratoire et les recherches sur l’homme sont encore à venir. Il existe d’autres effets positifs du resvératrol sur la santé [2], et si vous lisez des articles sur ces découvertes, vous pouvez facilement avoir l’idée que nous serons bientôt en mesure de nous débarrasser de nombreux problèmes de santé.
Les plus célèbres parmi ces produits sont, bien sûr, les antibiotiques, dont on a longtemps pensé qu’ils pouvaient guérir toutes sortes de maladies bactériennes, jusqu’à ce qu’il apparaisse clairement que ces agents pathogènes développent une immunité aux antibiotiques au fil du temps. Il s’agit donc d’une forme d’immunité que le monde médical préférerait ne pas voir apparaître, alors qu’il est bien sûr logique que si nous, les humains, pouvons développer une immunité contre quelque chose, d’autres êtres vivants peuvent également en être capables.
Retarder ou éviter autant que possible la maladie ou la mort est clairement la réaction la plus courante face à notre propre mortalité. Mais pouvons-nous, sinon vaincre la mort, du moins obtenir un résultat durable de cette manière ? C’est une affirmation que de nombreux scientifiques médecins aiment faire et, jusqu’à récemment, il ne semblait pas y avoir beaucoup de raisons de s’y opposer ; on peut tout au moins constater que, grâce à l’amélioration de l’hygiène et aux vaccinations, de nombreux décès et maladies ne se produisent plus. Donc, surmonter en partie la nature, cela pourrait être possible ?
La plupart des critiques à l’encontre de l’endiguement de toutes sortes de bactéries et de virus naturels proviennent de groupes que l’on pourrait qualifier de « mouvements alternatifs », dans le sens où ces groupes ne raisonnent pas à partir d’un angle scientifique largement accepté. Parmi les arguments avancés, citons le fait que la nature, telle qu’elle a été conçue à l’origine, fonctionne tout simplement bien et que, grâce à des millions d’années de développement, elle a finalement atteint le meilleur équilibre entre la vie et la mort.
Les questions spirituelles jouent un rôle ici, comme celle de savoir si l’homme doit modifier ou manipuler quelque chose qui a été créé soit par des forces naturelles, soit par des entités créatrices supérieures ? Mais ces dernières années, des recherches scientifiques ont également mis en évidence les limites de l’ingénierie sociale. Une recherche internet sur le thème « The Microbiota Vault-Initiative » conduit à des études qui montrent que toute vie sur terre peut exister de manière optimale et stable dans son propre microbiote, c’est-à-dire dans son environnement microbiologique. Celui-ci peut se trouver à l’extérieur de nous, dans la nature, ou à l’intérieur de nous, par exemple dans nos intestins. Des études ont montré que cet équilibre naturel est une coopération optimale entre un nombre incroyable de bactéries et de virus, ainsi que de nombreux autres organismes de petite taille, et des formes de vie plus développées comme les plantes, les animaux et les êtres humains. Et bien qu’une bonne hygiène soit importante, l’utilisation de produits antibactériens et de produits de nettoyage a un impact négatif sur toutes sortes de microbiotes.
En outre, il a déjà été établi de manière concluante que dans les environnements civilisés tels que les villes, la diversité et l’équilibre originels de toutes sortes de micro-organismes diminuent, ce qui a ensuite un impact négatif sur notre système immunitaire. Un tel système de micro-organismes vit également dans nos intestins, système appelé le microbiome. Les aliments transformés et l’excès typique de sucres et de glucides dans de nombreux pays riches ont entraîné une modification importante du microbiome de nos intestins, qui est devenu moins diversifié.
Afin d’éviter à long terme une situation dans laquelle les gens n’ont que des microbiomes incomplets dans leur corps et où le système immunitaire ne fonctionne plus correctement, le projet susmentionné a été lancé pour collecter des microbiomes complets auprès de peuples indigènes qui vivent dans des environnements plus naturels, et stocker ces échantillons de microbiomes dans un gigantesque « réfrigérateur » souterrain dans un pays au climat très froid.
Plus tard, ces échantillons seront utilisés pour aider les personnes nées avec un microbiome trop faible en leur administrant les versions plus complètes provenant du congélateur. Voilà, en quelques mots, ce qu’est l’initiative « The Microbiota Vault ».
Dans quel sens la science doit-elle aller ? Poursuivre la stérilisation, la désinfection ou, au contraire, rétablir le plus rapidement possible les systèmes originaux du microbiote et du microbiome ? Nous ne voulons pas juger ou être cynique face à ces données. En fin de compte, toute modification de notre environnement naturel se heurtera toujours à des limites – en révélant des effets indésirables qui nous conduiront, en tant qu’humains, dans la direction opposée de ce que nous avions l’intention d' »optimiser ». C’est la loi de cette nature dualisée, d’un monde de contraires en recherche constante d’équilibre. Il n’est pas nécessaire de l’envisager en termes scientifiques pour voir le principe à l’œuvre : si tous les gens vivent très longtemps, la population vieillit et le rajeunissement commence à prendre du retard. Nous pouvons provoquer ce phénomène sur une période extrêmement longue pour en retarder l’effet, mais il finira par se produire. Nous pouvons stériliser tout ce qui nous entoure, mais à long terme, cela peut également entraîner une augmentation des réactions excessives du système immunitaire des enfants aux substances les plus ordinaires de leur environnement ou de leur alimentation.
Nous ne parviendrons pas à vaincre la nature ou, du moins, à vivre des vies extrêmement longues et saines sans effets indésirables étranges, et ce quelle que soit notre action. Comment alors surmonter la dualité de la nature ? Qu’est-ce que l’immortalité ou l’éternité ? Pourquoi avons-nous ces idées s’il n’est pas du tout possible de les réaliser ?
L’idée d’éternité et d’immortalité vient clairement de l’intérieur de l’être humain. Qu’il y ait eu une première personne avec cette idée ou que ce soit une question que chaque être humain se pose de lui-même, sporadiquement ou avec insistance, elle ne peut venir que de l’intérieur de nous en tant que question ou idée. Maintenant, si nous étions des êtres naturels strictement tridimensionnels, le surgissement de ce questionnement serait-il possible ? S’il nous est transmis sous forme de philosophies ou de doctrines religieuses, comment se fait-il alors que même de très jeunes enfants posent souvent des questions à ce sujet, alors qu’ils ne grandissent pas du tout dans une famille croyante et qu’ils sont encore trop jeunes pour avoir reçu un enseignement à ce sujet à l’école ? Une chose est certaine : il n’y a pratiquement personne au monde avec qui vous ne pourriez pas parler de ce sujet.
Supposons un instant qu’il existe en nous un principe à l’origine de ce genre de pensées, que cet élément n’appartient peut-être pas à la nature, mais qu’il s’agit d’une sorte de principe qui contient aussi la vie et que nous nous posons – sous l’effet de cette dernière – des questions sur l’immortalité ou l’éternité.
Les rosicruciens appellent ce principe l’atome-étincelle d’Esprit ou « le dernier vestige d’une âme éternelle dans notre cœur ». Ils parlent d’une mémoire primordiale qui peut être réveillée en nous, d’une mémoire qui peut à un moment donné pénétrer dans notre conscience. Vaincre la nature deviendrait alors une possibilité – si nous, humains, apprenons progressivement à écouter cet élément vivant primordial. Un chemin de conscience, une inspiration de l’intérieur, mais qui progresse par le biais d’une sorte de « révélation », à petits pas. Un chemin de conscience, c’est faire preuve de lucidité et relativiser notre tendance à voir la solution dans des ajustements extérieurs. Il s’agit ensuite d’équilibrer notre conscience et notre santé, afin de vivre au mieux notre vie de personne humaine sur cette planète, et notre vie d’être humain éveillé muni d’une conscience centrée sur l’âme.
La question de la vérité ou du sens de certains aspects de la vie devient alors plus importante – et curieusement, si nous investiguons un peu plus dans la recherche de ce qui pourrait être vrai, nous avons également plus de chances de maintenir notre corps et notre vie dans le meilleur équilibre possible. Le fait d’être plus équilibré et d’avoir des pensées accordées à notre âme et à notre noyau spirituel, permet certainement d’avoir une vision plus profonde, qu’il s’agisse de savoir comment le fait de « vaincre la nature » fonctionne, ou tout autre chose.
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Sources :
[1] Mills KF, Yoshida S, Stein LR, et al. Long-Term Administration of Nicotinamide Mononucleotide Mitigates Age-Associated Physiological Decline in Mice. Cell Metab. 2016 13 déc.
[2] Resvératrol